" Depuis les années 1950 jusqu'à aujourd'hui, 8,3 milliards de tonnes de plastique ont été produites [...] Le plus grand producteur au monde de plastique estime fabriquer plus de 120 milliards de bouteilles en plastique par an .Alignées bout à bout , elles pourraient faire près de 700 fois la circonférence de la Terre. Pas étonnant qu'on en retrouve autant dans nos cours d'eau, sur nos plages et, au final, dans l'océan.." |
Will McCallum, En finir avec le plastique, 2018.
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Le plastique est une pollution omniprésente autour de nous, et son usage provoque des microparticules que nous inhalons ou mangeons. Globalement, en fonction de l'âge et du sexe, la consommation de plastique s'élève de 39 000 à 52 000 particules. Mais cela ne comprend pas la pollution plastique qui se trouve dans l'air. Si on ajoute cette donnée, l'homme ingère entre 74 000 et 121 000 microparticules par an !" |
Jane Roussel,« L'homme mange et respire du plastique (en quantité astronomique) », Top santé, 2019.
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Cette nouvelle a remporté le 3ème Prix du concours
Marc, un randonneur chevronné, se baladait en haut du Kilimandjaro. Les paysages fabuleux qu'il apercevait étaient à couper le souffle d'un écureuil ! Ce voyage, il le préparait depuis dix ans maintenant. La randonnée était devenue sa nouvelle passion depuis sa retraite, bien méritée d'ailleurs, car il avait dédié sa vie aux autres en tant que médecin.
Arrivé en haut d'une falaise avec une vue magnifique, sous la chaleur de la Tanzanie, Marc eut très soif. En ouvrant sa bouteille, le bouchon lui échappa des mains. Il dégringola et se posa entre les différents cailloux de la falaise. Le bouchon était tombé beaucoup trop loin pour que Marc puisse le récupérer, alors il finit sa bouteille, la rangea dans son sac et continua sa route.
Le temps passa, les saisons aussi et l'hiver vint. Cette année-là, une grosse averse de neige s'abattit sur l'impressionnant Kilimandjaro. Le bouchon resta enseveli sous la couche épaisse de neige. Le retour du soleil fit fondre la neige qui emporta avec elle le bouchon. Il se retrouva en bas du talus dans les herbes fraiches de la montagne. Un babouin s'approcha, le renifla, puis repartit. Quelques jours plus tard, une antilope musquée l'aperçut, l'écrasa de ses pattes, lui donna quelques coups et l'envoya dans un ruisseau. Les animaux terrestres lui portaient très peu d’intérêt, le petit bouchon se sentait abandonné, délaissé. Personne ne se préoccupait de lui, de savoir comment il allait. Maintenant qu'il était dans l'eau il espérait y trouver un peu plus de réconfort. Le bouchon termina sa course sous une pierre du rivage, jusqu’au jour où un petit garçon saisit cette pierre pour faire quelques ricochets, mais le bouchon fut donc emporté par le courant, encore une fois...
Le bouchon se dégradait au fil de ses péripéties et devint de plus en plus petit. Il traversa des rivières, des fleuves, rencontra une multitude d’animaux, jusqu’à arriver dans l'océan. Là, il découvrit l'eau salée et les différentes espèces qui y vivent. Il ne se doutait pas du tout qu'elles pouvaient être dangereuses pour lui. Les poissons lui tournaient autour comme s'il était leur nourriture. Cela amusait le petit bouchon. Malheureusement ce qui devait arriver arriva. Un jour, il vit un poisson s'approcher de lui, ce qui était devenu habituel, puis d'un seul coup il ne vit plus que du noir autour de lui. Il était apeuré, jusqu'au moment où il vit ses nombreux copains plastiques. Ils étaient de toutes les couleurs et de formes différentes ! Le petit bouchon était époustouflé par toute cette diversité.
Plus les jours passaient, plus sa taille rétrécissait. Il voyait aussi ses copains se dégrader au fil des jours mais cela ne l'inquiétait pas plus que ça. Un jour alors qu'il se reposait tranquillement, il fut réveillé par un tremblement, puis deux ou trois secousses plutôt violentes, et d'un seul coup, plein de nouveau copains plastiques ! Le poisson venait de se faire manger par un autre poisson plus gros. Le petit bouchon était si heureux, il adorait se faire de nouveaux amis. Cela faisait un bon bout de temps qu'il n'avait plus vu la lumière du jour, il se demandait d'ailleurs s'il la reverrait un jour. Il avait perdu la notion du temps, il ne savait plus depuis combien de temps il était ici. Il se sentait affaibli, tout petit, avait perdu de son éclat. Il regrettait l'époque où il était encore un beau bouchon bien lisse, d'un bleu vif vissé à sa bouteille. Le bouchon se revoyait d'ailleurs dans la pièce principale de cette grande maison dans laquelle il avait passé une bonne partie de sa vie, avant de la quitter pour la beauté du Kilimandjaro. Cela lui aurait fait plaisir de continuer ce périple avec sa copine bouteille qui lui manquait tant… mais cela était ainsi. Depuis il s'était fait de nouveaux amis.
« JE SUIS DANS LE BLOCK block block » commença-t-il à chanter avec entrain !!! Soudain, il entendit une petite voix fredonner avec lui. C'était une fourchette, enfin, ce qu'il en restait...Il se rapprocha d'elle, un peu gêné et lui demanda :
- Cou...coucou. Comment t'appelles-tu ?
- Anali et toi ?
- Je m'appelle Yassine. Je t'ai entendu. Tu aimes aussi les rythmes endiablés ?
- Oui. Avant j'allais souvent à des boums privées avec mes copines.
Et c'est ainsi qu'une conversation des plus passionnantes commença. Ils passèrent des mois à parler de tout et de rien. Ces deux-là ne pouvaient plus se quitter. C'était comme les deux oreilles du visage. Ils se connaissaient par cœur. Ils pouvaient passer des soirées entières à chanter avec gaité, du ibmag, yrral ou bien encore cayt et lnp. Cela n'était pas pour le plus grand plaisir des autres plastiques et habitants de l'estomac du saumon dans lequel ils se trouvaient. Les deux tourtereaux ne voyaient pas le temps passer. Ils resplendissaient de bonheur ! Tout se passait pour le mieux. Ils s'autorisaient même parfois à rêver d'une vie de famille avec plein de minis eux mais conscients que cela serait compliqué, ils se contentaient d'aider, d'accompagner, d'aimer et de rassurer tous les jeunes plastiques abandonnés qui arrivaient dans leur petit paradis ; l'estomac du saumon. Oui, c'était leur paradis, l'endroit parfait, ils ne manquaient de rien et étaient en sécurité ici. Rien ne pouvait les séparer. Ils étaient coincés à l’intérieur et cela leur convenait parfaitement.
Leur vie était bien calme et tranquille jusqu'au jour où le saumon fut ballotté dans tous les sens. De droite, à gauche, en haut, en bas, tous les petits bouchons subissaient les chocs, comme plusieurs accidents de voiture qui se succédaient. Les deux amoureux, paniqués à l'idée de se perdre et de perdre tous leurs amis, firent le tour de l'estomac pour voir si tout le monde allait bien. Malheureusement, le choc était trop violent, et plusieurs bouchons avaient encore été coupés en minuscules morceaux. Certains avaient disparu...La joie de vivre pourtant très présente dans leur paradis fut brusquement arrêtée, et la tristesse les envahit. Les bouchons se demandèrent, comment cet accident était survenu et à quoi il était dû.
Tandis qu'à l'intérieur du poisson, mille et une questions se posaient, il y eut un gros choc à l'extérieur. Alors qu'il nageait tranquillement, le poisson vit une chose quadrillée avancer vers lui. Il en voyait souvent. Il n'eut donc pas peur en le voyant. Sauf que cette fois-ci, ce fut à son tour d’être pris dans les filets. Il fut entassé avec des centaines d'autres animaux des fonds marins, qui étaient aussi terrifiés que lui. L'air commençait à lui manquer, puis soudain plus rien...Tous les poissons furent emmenés, triés, découpés et emballés. Ils étaient prêts à la vente.
« 1,2,3,1,2,3...gauche, droite » Chantait avec énergie Mme Sinclaken. Marc avait du mal à suivre, cela faisait 8 mois qu'il avait commencé la salsa dont il était devenu passionné à son retour du Kilimandjaro. Tous les vendredi soir, il rejoignait le petit village de Salm, à pieds bien-sûr, car sa passion pour la randonnée ne l'avait toujours pas quitté. A la fin du cours, Marc un peu timide face à la beauté de Mme Sinclaken, prit son courage à deux mains et l'invita à dîner avec lui. Sans trop d'hésitation et pour le plus grand bonheur du danseur en herbe, elle accepta.
Après s'être changé, mis sur son trente et un, Marc alla chercher sa dulcinée et l'emmena dans le restaurant le plus chic du Périgord, le "bat'N". Il y avait un menu par semaine. Tout était très organisé et cela ne plaisait pas spécialement à Cam la gérante du restaurant qui observait tout, tout le temps. Les deux tourtereaux prirent place et commandèrent le repas du jour. L'attente ne fut pas très longue. Un petit quart d'heure plus tard, leurs mets arrivèrent. C'était un beau pavé de saumon, accompagné d'un riz basmati et d'une sauce "creamy deluxe". Ils s'en léchaient déjà les babines.
Yassine et sa copine Anali étaient affolés. Ils s'éloignaient de plus en plus. Une lame en acier venait de les séparer. Ils ne comprenaient plus rien depuis leur accident. Une chaleur étouffante commençait à les entourer. Ils se sentaient fondre tout doucement. Après quelques instants, le supplice s'arrêta. Ils avaient réussi à survivre. Ils se voyaient au loin, l'un face de l'autre, dans des assiettes séparées, enveloppés d'une odeur "creamy deluxe". Puis soudain, le petit bouchon se retrouva nez à nez, avec un visage qui lui était familier. Mais oui ! c'était lui, Marc celui qui l'avait abandonné en haut du Kilimandjaro. Yassine se rapprochait dangereusement de la bouche de son ancien propriétaire. Et d'un seul coup, le noir total revint...
Arrivé en haut d'une falaise avec une vue magnifique, sous la chaleur de la Tanzanie, Marc eut très soif. En ouvrant sa bouteille, le bouchon lui échappa des mains. Il dégringola et se posa entre les différents cailloux de la falaise. Le bouchon était tombé beaucoup trop loin pour que Marc puisse le récupérer, alors il finit sa bouteille, la rangea dans son sac et continua sa route.
Le temps passa, les saisons aussi et l'hiver vint. Cette année-là, une grosse averse de neige s'abattit sur l'impressionnant Kilimandjaro. Le bouchon resta enseveli sous la couche épaisse de neige. Le retour du soleil fit fondre la neige qui emporta avec elle le bouchon. Il se retrouva en bas du talus dans les herbes fraiches de la montagne. Un babouin s'approcha, le renifla, puis repartit. Quelques jours plus tard, une antilope musquée l'aperçut, l'écrasa de ses pattes, lui donna quelques coups et l'envoya dans un ruisseau. Les animaux terrestres lui portaient très peu d’intérêt, le petit bouchon se sentait abandonné, délaissé. Personne ne se préoccupait de lui, de savoir comment il allait. Maintenant qu'il était dans l'eau il espérait y trouver un peu plus de réconfort. Le bouchon termina sa course sous une pierre du rivage, jusqu’au jour où un petit garçon saisit cette pierre pour faire quelques ricochets, mais le bouchon fut donc emporté par le courant, encore une fois...
Le bouchon se dégradait au fil de ses péripéties et devint de plus en plus petit. Il traversa des rivières, des fleuves, rencontra une multitude d’animaux, jusqu’à arriver dans l'océan. Là, il découvrit l'eau salée et les différentes espèces qui y vivent. Il ne se doutait pas du tout qu'elles pouvaient être dangereuses pour lui. Les poissons lui tournaient autour comme s'il était leur nourriture. Cela amusait le petit bouchon. Malheureusement ce qui devait arriver arriva. Un jour, il vit un poisson s'approcher de lui, ce qui était devenu habituel, puis d'un seul coup il ne vit plus que du noir autour de lui. Il était apeuré, jusqu'au moment où il vit ses nombreux copains plastiques. Ils étaient de toutes les couleurs et de formes différentes ! Le petit bouchon était époustouflé par toute cette diversité.
Plus les jours passaient, plus sa taille rétrécissait. Il voyait aussi ses copains se dégrader au fil des jours mais cela ne l'inquiétait pas plus que ça. Un jour alors qu'il se reposait tranquillement, il fut réveillé par un tremblement, puis deux ou trois secousses plutôt violentes, et d'un seul coup, plein de nouveau copains plastiques ! Le poisson venait de se faire manger par un autre poisson plus gros. Le petit bouchon était si heureux, il adorait se faire de nouveaux amis. Cela faisait un bon bout de temps qu'il n'avait plus vu la lumière du jour, il se demandait d'ailleurs s'il la reverrait un jour. Il avait perdu la notion du temps, il ne savait plus depuis combien de temps il était ici. Il se sentait affaibli, tout petit, avait perdu de son éclat. Il regrettait l'époque où il était encore un beau bouchon bien lisse, d'un bleu vif vissé à sa bouteille. Le bouchon se revoyait d'ailleurs dans la pièce principale de cette grande maison dans laquelle il avait passé une bonne partie de sa vie, avant de la quitter pour la beauté du Kilimandjaro. Cela lui aurait fait plaisir de continuer ce périple avec sa copine bouteille qui lui manquait tant… mais cela était ainsi. Depuis il s'était fait de nouveaux amis.
« JE SUIS DANS LE BLOCK block block » commença-t-il à chanter avec entrain !!! Soudain, il entendit une petite voix fredonner avec lui. C'était une fourchette, enfin, ce qu'il en restait...Il se rapprocha d'elle, un peu gêné et lui demanda :
- Cou...coucou. Comment t'appelles-tu ?
- Anali et toi ?
- Je m'appelle Yassine. Je t'ai entendu. Tu aimes aussi les rythmes endiablés ?
- Oui. Avant j'allais souvent à des boums privées avec mes copines.
Et c'est ainsi qu'une conversation des plus passionnantes commença. Ils passèrent des mois à parler de tout et de rien. Ces deux-là ne pouvaient plus se quitter. C'était comme les deux oreilles du visage. Ils se connaissaient par cœur. Ils pouvaient passer des soirées entières à chanter avec gaité, du ibmag, yrral ou bien encore cayt et lnp. Cela n'était pas pour le plus grand plaisir des autres plastiques et habitants de l'estomac du saumon dans lequel ils se trouvaient. Les deux tourtereaux ne voyaient pas le temps passer. Ils resplendissaient de bonheur ! Tout se passait pour le mieux. Ils s'autorisaient même parfois à rêver d'une vie de famille avec plein de minis eux mais conscients que cela serait compliqué, ils se contentaient d'aider, d'accompagner, d'aimer et de rassurer tous les jeunes plastiques abandonnés qui arrivaient dans leur petit paradis ; l'estomac du saumon. Oui, c'était leur paradis, l'endroit parfait, ils ne manquaient de rien et étaient en sécurité ici. Rien ne pouvait les séparer. Ils étaient coincés à l’intérieur et cela leur convenait parfaitement.
Leur vie était bien calme et tranquille jusqu'au jour où le saumon fut ballotté dans tous les sens. De droite, à gauche, en haut, en bas, tous les petits bouchons subissaient les chocs, comme plusieurs accidents de voiture qui se succédaient. Les deux amoureux, paniqués à l'idée de se perdre et de perdre tous leurs amis, firent le tour de l'estomac pour voir si tout le monde allait bien. Malheureusement, le choc était trop violent, et plusieurs bouchons avaient encore été coupés en minuscules morceaux. Certains avaient disparu...La joie de vivre pourtant très présente dans leur paradis fut brusquement arrêtée, et la tristesse les envahit. Les bouchons se demandèrent, comment cet accident était survenu et à quoi il était dû.
Tandis qu'à l'intérieur du poisson, mille et une questions se posaient, il y eut un gros choc à l'extérieur. Alors qu'il nageait tranquillement, le poisson vit une chose quadrillée avancer vers lui. Il en voyait souvent. Il n'eut donc pas peur en le voyant. Sauf que cette fois-ci, ce fut à son tour d’être pris dans les filets. Il fut entassé avec des centaines d'autres animaux des fonds marins, qui étaient aussi terrifiés que lui. L'air commençait à lui manquer, puis soudain plus rien...Tous les poissons furent emmenés, triés, découpés et emballés. Ils étaient prêts à la vente.
« 1,2,3,1,2,3...gauche, droite » Chantait avec énergie Mme Sinclaken. Marc avait du mal à suivre, cela faisait 8 mois qu'il avait commencé la salsa dont il était devenu passionné à son retour du Kilimandjaro. Tous les vendredi soir, il rejoignait le petit village de Salm, à pieds bien-sûr, car sa passion pour la randonnée ne l'avait toujours pas quitté. A la fin du cours, Marc un peu timide face à la beauté de Mme Sinclaken, prit son courage à deux mains et l'invita à dîner avec lui. Sans trop d'hésitation et pour le plus grand bonheur du danseur en herbe, elle accepta.
Après s'être changé, mis sur son trente et un, Marc alla chercher sa dulcinée et l'emmena dans le restaurant le plus chic du Périgord, le "bat'N". Il y avait un menu par semaine. Tout était très organisé et cela ne plaisait pas spécialement à Cam la gérante du restaurant qui observait tout, tout le temps. Les deux tourtereaux prirent place et commandèrent le repas du jour. L'attente ne fut pas très longue. Un petit quart d'heure plus tard, leurs mets arrivèrent. C'était un beau pavé de saumon, accompagné d'un riz basmati et d'une sauce "creamy deluxe". Ils s'en léchaient déjà les babines.
Yassine et sa copine Anali étaient affolés. Ils s'éloignaient de plus en plus. Une lame en acier venait de les séparer. Ils ne comprenaient plus rien depuis leur accident. Une chaleur étouffante commençait à les entourer. Ils se sentaient fondre tout doucement. Après quelques instants, le supplice s'arrêta. Ils avaient réussi à survivre. Ils se voyaient au loin, l'un face de l'autre, dans des assiettes séparées, enveloppés d'une odeur "creamy deluxe". Puis soudain, le petit bouchon se retrouva nez à nez, avec un visage qui lui était familier. Mais oui ! c'était lui, Marc celui qui l'avait abandonné en haut du Kilimandjaro. Yassine se rapprochait dangereusement de la bouche de son ancien propriétaire. Et d'un seul coup, le noir total revint...
Les Totally Spies