On câline son chien et son chat, on est préoccupé par le sort des pandas et des éléphants, mais on ne considère ni les cochons, ni les poulets." |
L' OBS n°2861, 2019
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L214, c'est aussi le nom d'une association qui fait de plus en plus parler d'elle. Parce qu'elle estime que "la réalité est cachée", l'organisation diffuse des images chocs pour montrer la situation des animaux enfermés." |
Science et Vie, hors série n°274, 2016
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Il est midi, les parents cherchent leurs enfants à l'école pour le repas, et comme tous les jours, c'est de la viande qu'on leur sert. Jules est chez lui avec sa femme Christina, journaliste. Ils regardent la télé lorsqu'une femme crie devant leur maison.
Ils ne comprennent pas pourquoi elle crie, puis cinq autres personnes rejoignent la femme. Alors Christina et Jules décident de sortir de leur domicile et voient un pauvre veau apeuré, gravement blessé, et qui n'arrive presque plus à tenir debout. Les habitants crient autour de lui et craignent de l'approcher. Jules s'avance, un peu hésitant, vers le veau pour l'aider à se relever. Quand il s'approche, il voit du sang sortant de son orbite vide, il remarque des coupures profondes par lesquelles on peut apercevoir ses côtes. Jules et Christina pensent que le veau à dû s'échapper d'un abattoir ou d'un camion qui transporte le bétail.
Jules commence à se sentir mal en repensant à toute la viande qu'il a mangée depuis son plus jeune âge. Il ne peut pas rester innocent et continuer de faire comme si de rien n'était. Il doit montrer aux autres la maltraitance dont sont victimes les animaux dans les abattoirs et dénoncer les responsables de ces actes.
Il retourne auprès de Christina. Remarquant la pâleur de son visage, elle lui demande, inquiète :
« Qu'est-ce qu'il se passe Jules ? Tu n'as pas l'air bien.
- Nous ne pouvons pas sauver ce veau. Il est trop blessé pour que nous puissions le soigner. Nous ne pouvons rien pour lui, mais nous pouvons sauver les autres veaux prisonniers dans cet abattoir, et dans tous les abattoirs de France. Il ne faut plus les laisser se faire traiter de cette manière, et je ne peux pas rester ici les bras croisés. Il faut que j'agisse. Et pour cela, j'ai besoin de ton aide. »
Le lendemain, Christina arrive à son travail. Elle se rend au bureau de son patron et lui présente l'idée d'article qu'elle a eue avec Jules, afin de défendre les animaux maltraités.
A dix-huit heures, Christina finit le travail. Elle range ses affaires puis se dirige vers la sortie. En passant devant le bureau de son patron, elle se demande si elle pourrait essayer de lui reparler calmement, mais ça ne sert à rien. Elle avait déjà trop insisté. Il n'acceptera pas. Elle doit donc annoncer la nouvelle à Jules qui ne laissera sûrement pas passer cela.
Lorsqu'elle arrive chez elle, elle raconte à Jules son entrevue avec son patron. Comme prévu, il n'accepte pas cette décision. Il est encore plus touché par ce sujet que Christina, lui qui a vu le veau souffrir juste à côté de lui, sans que personne ne réagisse. C'est alors qu'une idée relativement absurde lui passe par la tête. Il pourrait s'introduire dans l'abattoir et tenter de prendre des vidéos et photos qu'il posterait lui-même, sans l'accord de quiconque. Christina ne semble pas le suivre dans cette folie. Mais ça lui est égal. Il atteindra son but, avec ou sans son aide.
Le lendemain à la nuit tombée, Jules est caché dans un champ, juste en face de l'abattoir. Par chance, l'un des ouvriers prend une pause et sort pour fumer sa cigarette. Il va pouvoir entrer à l'intérieur. C'est le moment où tout va se jouer. Va-t-il atteindre son but et convaincre les autres d'être du même avis que lui ? Les gens consommeront-ils moins de viande après avoir vu ces images ? Au moment où l'ouvrier se baisse pour éteindre son mégot, Jules en profite pour se faufiler discrètement derrière lui, et commence à chercher des preuves contre les gérants de cet endroit. Ce qu'il voit est horrible : il y a des centaines de vaches entassées dans de tout petits enclos se marchant les unes sur les autres. Leur pelage est sale, et certaines ont même des taches de sang. Jules s'empresse de prendre des centaines de photos, même si celles-ci se ressemblent toutes, il veut être sûr d'avoir suffisamment de preuves. Il continue d'avancer et arrive dans la salle de mise à mort. Peut-être y trouvera-t-il une preuve qui pourrait tout faire basculer. Il se rappelle alors le décret numéro 97-903, qui dit que les équipements des abattoirs doivent être conçus et entretenus de manière à épargner toute douleur ou souffrance aux animaux. Il fouille dans les bureaux, les étagères et met toute la salle sens dessus-dessous à la recherche d'une preuve pouvant contredire ce décret.
Ensuite Jules se dirige vers la salle où la viande est stockée. Il ouvre la lourde et vieille porte toute rouillée et pénètre dans la pièce. Une odeur nauséabonde de sang en ressort. Jules en a mal au cœur. Plus d'une dizaine de carcasses sont mises les unes sur les autres. Il est effrayé. Il sort rapidement son téléphone et prend vite des photos, puis il referme la porte. Il ne pouvait plus rester une seconde de plus dans cette pièce.
Il continue de progresser dans ces lieux, quand tout à coup un bruit retentit. Ce sont les ouvriers qui reviennent de leur pause. Il se tient juste face à eux. Il ne reste plus qu'une seule chose à faire : fuir. Il court à toute allure à la recherche d'une cachette pour éviter les ouvriers, mais ils sont trop nombreux et le rattrapent. Est-ce que c'est la fin ? Aurait-il fait tout cela pour rien ? Jules tente de se débattre mais les hommes sont trop puissants et l'attachent à une chaise. Jules sait que les hommes ont trouvé son appareil photo, et qu'ils sont en train de regarder les images qu'il a prises. Ils ne disent rien et se regardent, jusqu'à ce qu'un d'entre eux se mette à parler :
« Pourquoi prends-tu des photos de notre abattoir ? »
Jules ne dit rien, il réfléchit.
« Alors, tu vas répondre ? »
L'un d'entre eux s'avance et le frappe d'une telle violence que Jules perd l'équilibre sur sa chaise et tombe à terre.
« Réponds à la question !
- Il a pris des photos, il a vu ce qu'on fait ici, on ne peut pas le laisser partir !
- Je sais !
- C'est bon, je vais le faire. »
Jules ne sait pas ce qu'ils vont faire de lui, tout ce qu'il sait c'est qu'il n'a pas beaucoup de chance de s'en sortir vivant. Il pense à Christina, la femme de sa vie, qui est dans leur maison, attendant qu'il rentre de son expédition. Il pense à ce qu'ils auraient pu construire ensemble s'il n'était pas venu dans cet abattoir. Ils auraient pu fonder une famille. Mais non, il n'aurait pas voulu que ses enfants vivent dans cette société.
« Un dernier mot ? »
Jules n'a rien à dire, il a fait le bon choix et ne regrette rien. Il entend un bruit et ressent une douleur dans le ventre, il ne sait comment expliquer cette douleur il sait juste que ça fait mal, même très mal. Il s'affaiblit et sent le sang couler sur son visage. Il repense une dernière fois à sa vie. La seule chose qu'il a accomplie et dont il est fier est cette nuit. Cette nuit où il a mis sa vie en danger pour défendre une cause. Jules sent que c'est bientôt la fin, puis, ses yeux se ferment et ne se rouvrent plus.
Deux semaines plus tard, à la télé :
« Nous allons vous montrer des images exclusives, qui ont été prises par un certain Jules Smith, dans la nuit du 13 mars, dans un abattoir aux abords de la ville. Attention âmes sensibles, s'abstenir. »
Les images de Jules défilent les unes après les autres. Au moment où il tentait de se cacher pour éviter les ouvriers, Jules avait eu le temps d'envoyer ses photos à Christina, sans un mot de plus, espérant qu'elle comprenne ce qu'il envisageait qu'elle fasse. Heureusement, Christina le comprit, et exauça son dernier souhait.
Ils ne comprennent pas pourquoi elle crie, puis cinq autres personnes rejoignent la femme. Alors Christina et Jules décident de sortir de leur domicile et voient un pauvre veau apeuré, gravement blessé, et qui n'arrive presque plus à tenir debout. Les habitants crient autour de lui et craignent de l'approcher. Jules s'avance, un peu hésitant, vers le veau pour l'aider à se relever. Quand il s'approche, il voit du sang sortant de son orbite vide, il remarque des coupures profondes par lesquelles on peut apercevoir ses côtes. Jules et Christina pensent que le veau à dû s'échapper d'un abattoir ou d'un camion qui transporte le bétail.
Jules commence à se sentir mal en repensant à toute la viande qu'il a mangée depuis son plus jeune âge. Il ne peut pas rester innocent et continuer de faire comme si de rien n'était. Il doit montrer aux autres la maltraitance dont sont victimes les animaux dans les abattoirs et dénoncer les responsables de ces actes.
Il retourne auprès de Christina. Remarquant la pâleur de son visage, elle lui demande, inquiète :
« Qu'est-ce qu'il se passe Jules ? Tu n'as pas l'air bien.
- Nous ne pouvons pas sauver ce veau. Il est trop blessé pour que nous puissions le soigner. Nous ne pouvons rien pour lui, mais nous pouvons sauver les autres veaux prisonniers dans cet abattoir, et dans tous les abattoirs de France. Il ne faut plus les laisser se faire traiter de cette manière, et je ne peux pas rester ici les bras croisés. Il faut que j'agisse. Et pour cela, j'ai besoin de ton aide. »
Le lendemain, Christina arrive à son travail. Elle se rend au bureau de son patron et lui présente l'idée d'article qu'elle a eue avec Jules, afin de défendre les animaux maltraités.
A dix-huit heures, Christina finit le travail. Elle range ses affaires puis se dirige vers la sortie. En passant devant le bureau de son patron, elle se demande si elle pourrait essayer de lui reparler calmement, mais ça ne sert à rien. Elle avait déjà trop insisté. Il n'acceptera pas. Elle doit donc annoncer la nouvelle à Jules qui ne laissera sûrement pas passer cela.
Lorsqu'elle arrive chez elle, elle raconte à Jules son entrevue avec son patron. Comme prévu, il n'accepte pas cette décision. Il est encore plus touché par ce sujet que Christina, lui qui a vu le veau souffrir juste à côté de lui, sans que personne ne réagisse. C'est alors qu'une idée relativement absurde lui passe par la tête. Il pourrait s'introduire dans l'abattoir et tenter de prendre des vidéos et photos qu'il posterait lui-même, sans l'accord de quiconque. Christina ne semble pas le suivre dans cette folie. Mais ça lui est égal. Il atteindra son but, avec ou sans son aide.
Le lendemain à la nuit tombée, Jules est caché dans un champ, juste en face de l'abattoir. Par chance, l'un des ouvriers prend une pause et sort pour fumer sa cigarette. Il va pouvoir entrer à l'intérieur. C'est le moment où tout va se jouer. Va-t-il atteindre son but et convaincre les autres d'être du même avis que lui ? Les gens consommeront-ils moins de viande après avoir vu ces images ? Au moment où l'ouvrier se baisse pour éteindre son mégot, Jules en profite pour se faufiler discrètement derrière lui, et commence à chercher des preuves contre les gérants de cet endroit. Ce qu'il voit est horrible : il y a des centaines de vaches entassées dans de tout petits enclos se marchant les unes sur les autres. Leur pelage est sale, et certaines ont même des taches de sang. Jules s'empresse de prendre des centaines de photos, même si celles-ci se ressemblent toutes, il veut être sûr d'avoir suffisamment de preuves. Il continue d'avancer et arrive dans la salle de mise à mort. Peut-être y trouvera-t-il une preuve qui pourrait tout faire basculer. Il se rappelle alors le décret numéro 97-903, qui dit que les équipements des abattoirs doivent être conçus et entretenus de manière à épargner toute douleur ou souffrance aux animaux. Il fouille dans les bureaux, les étagères et met toute la salle sens dessus-dessous à la recherche d'une preuve pouvant contredire ce décret.
Ensuite Jules se dirige vers la salle où la viande est stockée. Il ouvre la lourde et vieille porte toute rouillée et pénètre dans la pièce. Une odeur nauséabonde de sang en ressort. Jules en a mal au cœur. Plus d'une dizaine de carcasses sont mises les unes sur les autres. Il est effrayé. Il sort rapidement son téléphone et prend vite des photos, puis il referme la porte. Il ne pouvait plus rester une seconde de plus dans cette pièce.
Il continue de progresser dans ces lieux, quand tout à coup un bruit retentit. Ce sont les ouvriers qui reviennent de leur pause. Il se tient juste face à eux. Il ne reste plus qu'une seule chose à faire : fuir. Il court à toute allure à la recherche d'une cachette pour éviter les ouvriers, mais ils sont trop nombreux et le rattrapent. Est-ce que c'est la fin ? Aurait-il fait tout cela pour rien ? Jules tente de se débattre mais les hommes sont trop puissants et l'attachent à une chaise. Jules sait que les hommes ont trouvé son appareil photo, et qu'ils sont en train de regarder les images qu'il a prises. Ils ne disent rien et se regardent, jusqu'à ce qu'un d'entre eux se mette à parler :
« Pourquoi prends-tu des photos de notre abattoir ? »
Jules ne dit rien, il réfléchit.
« Alors, tu vas répondre ? »
L'un d'entre eux s'avance et le frappe d'une telle violence que Jules perd l'équilibre sur sa chaise et tombe à terre.
« Réponds à la question !
- Il a pris des photos, il a vu ce qu'on fait ici, on ne peut pas le laisser partir !
- Je sais !
- C'est bon, je vais le faire. »
Jules ne sait pas ce qu'ils vont faire de lui, tout ce qu'il sait c'est qu'il n'a pas beaucoup de chance de s'en sortir vivant. Il pense à Christina, la femme de sa vie, qui est dans leur maison, attendant qu'il rentre de son expédition. Il pense à ce qu'ils auraient pu construire ensemble s'il n'était pas venu dans cet abattoir. Ils auraient pu fonder une famille. Mais non, il n'aurait pas voulu que ses enfants vivent dans cette société.
« Un dernier mot ? »
Jules n'a rien à dire, il a fait le bon choix et ne regrette rien. Il entend un bruit et ressent une douleur dans le ventre, il ne sait comment expliquer cette douleur il sait juste que ça fait mal, même très mal. Il s'affaiblit et sent le sang couler sur son visage. Il repense une dernière fois à sa vie. La seule chose qu'il a accomplie et dont il est fier est cette nuit. Cette nuit où il a mis sa vie en danger pour défendre une cause. Jules sent que c'est bientôt la fin, puis, ses yeux se ferment et ne se rouvrent plus.
Deux semaines plus tard, à la télé :
« Nous allons vous montrer des images exclusives, qui ont été prises par un certain Jules Smith, dans la nuit du 13 mars, dans un abattoir aux abords de la ville. Attention âmes sensibles, s'abstenir. »
Les images de Jules défilent les unes après les autres. Au moment où il tentait de se cacher pour éviter les ouvriers, Jules avait eu le temps d'envoyer ses photos à Christina, sans un mot de plus, espérant qu'elle comprenne ce qu'il envisageait qu'elle fasse. Heureusement, Christina le comprit, et exauça son dernier souhait.
Mokaccino & Expresso